Cap sur le désert du Chihuahua: Big Bend National Park

Posted by:

|

On:

|

, , ,

Le parc national de Big Bend a marqué le début du désert, mais surtout le début des montagnes. Depuis un mois, nous avons traversé des milliers de kilomètres en effectuant des activités aquatiques ou des petites randonnées afin de nous remettre en forme pour pouvoir profiter pleinement des plaisirs de la montagne. Pour ceux qui nous connaissent bien, vous savez qu’on fait parfois des aventures un peu folles. Toutefois, avec la fin des études de Samuel et le voyage qui approchaient, nous avions beaucoup de choses à faire et il a parfois été difficile de bouger autant que nous le souhaitions. Avec cette première grande aventure, nous allions être servis!

Le parc national de Big Bend est situé dans l’Ouest du Texas, près de la frontière du Mexique. Le parc fait partie du désert de Chihuahua, qui s’étend loin au delà de la frontière Mexicaine. Étant donné son climat aride, ce parc est très peu achalandé l’été, mais les campings sont toujours pleins durant la saison hivernale. Pour réussir à accéder à un camping, nous avons choisi de louer des campings de backcountry, soit des campings accessibles seulement en randonnée, et souvent reculés. Il est beaucoup plus facile de trouver des places, car peu de gens s’aventurent sur plusieurs jours dans le désert et les montagnes du parc. Nous nous sommes donc mis au défi de le faire! Notre plan: 2 nuits en randonnée dans les monts Chisos, la chaîne la plus haute du parc.

Les monts Chisos

Dès notre entrée dans le parc, nous pouvions apercevoir au loin des sommets rocheux parsemés d’arbres qui se démarquaient de l’aridité et des cactus du désert. Nous ne pouvions pas nous tromper, c’était là qu’on se rendait! Une heure de route plus tard, nous étions au pied des montagnes. La route qui se rend au départ des sentiers monte la première portion des montagnes, nous faisant passer de 800m à environ 1500m d’altitude en quelques kilomètres. Nous étions contents d’avoir un véhicule fiable, et surtout, avec des freins neufs pour le chemin pour les redescendre! La route était très étroite et remplie de virages en épingle, nous faisant longer des parois de roches dans des teintes orangées. Pour Angéline, c’était un environnement nouveau et très impressionnant !

Finalement arrivés à destination, nous avons consulté les rangers du centre d’accueil pour en apprendre plus sur le parc et sur les précautions à prendre. Parmi celles-ci, laisser notre nourriture dans des contenants étanches pour les ours, comme au Québec, mais aussi marcher avec précaution à l’aube et au crépuscule, toujours avec une lampe frontale pour éviter de surprendre un cougar, vérifier où on met les pieds pour ne pas s’approcher trop près d’un serpent ou encore fouiller nos souliers le matin pour s’assurer qu’un scorpion ne s’y cache pas. On est loin du Québec! Évidemment, dans le désert, le risque numéro un est la chaleur et l’eau. Dans toutes les montagnes, il n’y a aucun point d’eau fiable, et il peut s’écouler jusqu’à 9 mois sans pluie. Avec tous ces bons conseils, nous sommes donc partis vers l’arrière pays, en apportant avec nous un bon 15L d’eau.

Notre premier camping se situait à environ 4km du trailhead, au pied de Toll Mountain. Nous sommes partis à 13h, au plus fort de la chaleur. Nous avons donc pris beaucoup de temps pour grimper les 400m de dénivelé qui nous séparait de notre premier campement. N’ayant pas l’habitude de traîner autant d’eau, après ces 4km, nos jambes étaient déjà lourdes. Nous avons cependant décidé de laisser nos réserves d’eau et notre équipement de camping à notre campement pour aller grimper notre premier sommet, Emory Peak.

Emory Peak

Avec ses 2376m d’altitude, ce sommet est le plus haut du parc de Big Bend. Il se situait à 8km aller-retour de notre campement. Nous sommes donc partis vers ce sommet en fin d’après-midi, sous une température clémente et beaucoup moins chargés. L’ascension se faisait dans une pente qui serpentait le long de la montagne, dans des sentiers très bien entretenus… du moins jusqu’à la dernière montée.

Sans aucun balisage, avec une pente raide, de gros blocs rocheux empilés et des risques potentiels de chute, la dernière ascension comportait plusieurs risques. En avançant lentement, nous avons trouvé l’endroit le plus sécuritaire pour monter, et nous avons atteint le sommet en fin de journée. En redoublant de prudence et de patience, nous sommes redescendus du sommet, puis nous sommes retournés à notre campement, environ 500m plus bas.

Après ce sommet, nous étions épuisés de notre journée. Réveil à 5h30, 4h de route pour arriver au parc, 13km de randonnée dans la chaleur et les pentes fortes. Nous avons pris le temps de cuisiner notre repas lyophilisé, les yeux un peu dans le vide, assis dans la poussière. Dès que notre secteur est tombé à l’ombre, nous avons du rapidement nous enfiler un manteau, une tuque et des gants. La nuit s’annonçait aussi froide que la journée avait été chaude. En mangeant, nous avons pu profiter des dernières lueurs dorées du soleil pour admirer Toll Mountain, sous lequel nous dormions. À 7h30, après nos étirements, nous étions dans notre sac de couchage, prêts pour une longue nuit réparatrice.

East et South Rim

Le lendemain matin, nous nous sommes levés un peu plus tard que prévu, autour de 7h. Le froid mordant nous a convaincus de retarder notre réveil d’une petite heure. Durant la nuit, la température a probablement descendu autour du point de congélation, résultat des nuits froides du désert combiné à l’altitude à laquelle notre campement se trouvait. Impatients de nous réchauffer et de parcourir du kilométrage avant que la chaleur ne soit accablante, nous n’avons pas déjeuner. Une demi-heure après notre réveil, le temps de démonter notre campement, nous étions en route vers East Rim et South Rim, nos objectifs de la journée.

Ce secteur des Chisos est l’un des endroits les plus spectaculaire de Big Bend. Il s’agit d’une mesa (montagne aux flancs excessivement abruptes et au sommet plat) qui surplombe le parc et qui donne une vue d’ensemble sur les montagnes qui l’entourent. Ainsi, il s’agit d’un sentier nous permettant d’avoir une vue sur tout le parc et sur plusieurs chaînes de montagnes situées au Mexique. Pour s’y rendre, nous longeons la montagne gravie la journée précédente et le fond des canyons.

Avec la fraicheur matinale et une diminution du poids de nos sac à dos, nous avons pu avancer rapidement jusqu’au sentier permettant d’accéder à East Rim. En fourchant vers la crête, nous avons rapidement du rebrousser chemin puisque le sentier était fermé en raison de la nidification du faucon pèlerin. Il s’agit d’une espèce d’oiseau de proie qui est en rétablissement à travers le monde en raison de l’accumulation du DDT qui fragilisait les coquilles d’œuf dans les années 1960-70.

Nous sommes donc retournés sur nos pas pour reprendre l’embranchement menant à South Rim. Après avoir longé un canyon un petit moment, nous avons gravi le dernier plateau du périple, soit South Rim. Contrairement au sommet d’Emory, qui offrait une vision des montagnes environnantes, South Rim possède une vue jusqu’à l’horizon à 180˚. Cela permet vraiment d’apprécier l’immensité du désert qui nous entoure. Nous avons donc longé la crête, avec ce panorama impressionnant sur notre gauche, pendant plus d’une heure.

Après South Rim, nous avons commencé à redescendre jusqu’à notre second site de camping. Nous y sommes parvenus un peu de temps avant midi, évitant d’être sous la grosse chaleur de la journée. De notre camping, nous avions une vue spectaculaire sur le sommet du mont Emory, nous permettant d’apprécier l’ampleur de l’ascension réalisée la veille.

Sortie de l’arrière-pays

Au final, la fermeture de East Rim nous aura permis d’arriver très tôt à notre campement. Nous avons donc pu nous reposer et apprécier la nature sauvage durant l’après-midi, apercevant d’ailleurs plusieurs espèces d’oiseau, ainsi que des cerfs de Virginie, les mêmes qu’on retrouve au Québec. Pour passer le temps, nous avons également fait des exercices de carte et boussoles, permettant à Angéline d’apprendre à se servir de ces instruments très importants pour la navigation en arrière-pays, en particulier dans les secteurs hors sentiers.

Pour finir notre aventure, nous avons pris le temps de cuisiner un autre bon repas lyophilisé. Nous sommes allés au lit très tôt, juste après avoir observé les dernières lueurs du jour sur la façade du mont Emery. Nous avons programmé une alarme vers 22h afin de nous lever pendant la nuit et d’observer le magnifique ciel étoilé du désert.

Le lendemain matin, nous avons parcouru très tôt les 6 kilomètres nous séparant de la voiture, impatients de déposer nos sacs à dos. Au total, notre périple dans les monts Chisos nous aura permi parcourir un peu plus de 33km et gravir 1500m de dénivelé en un peu moins de 48h. Avec les conditions de chaleur, les sac à dos lourds ainsi que les nuits froides, la fatigue était très présente. Cependant, il nous restait seulement deux nuits dans le parcs, et il restait deux secteurs importants à faire. Nous avons donc mis le cap vers Rio Grande Village, dans l’est du parc.

Rio Grande Village

Après avoir conduit jusqu’à ce secteur du parc, nous avons pris le temps de dîner près de la rivière, sous des peupliers immenses (Cottonwood tree). L’ombre étant rare dans le parc, nous avons apprécié ce moment de repos. Ici, la frontière mexicaine se situe tout juste de l’autre côté de la rivière, à quelques dizaines de mètres de nous. Un peu partout, il y a des souvenir étalés le long des sentiers ou sur les roches, avec des bornes pour payer juste à côté. Plusieurs Mexicains traversent la frontière pour tenter de vendre des cadeaux faits à la main, comme de la poterie, des couvertures, des bâtons de marche où encore des petites sculptures. Pour notre part, nous avons préféré attendre la portion de notre voyage au Mexique pour acheter des souvenirs locaux.

Pendant l’après-midi, nous avons fait deux courts sentiers. Le premier était situé près d’une des rares sources dans le désert, permettant à quelques arbres de pousser. Au milieu du désert, les îlots verts créés par les sources semblent sortis de nul part. Cependant, elles abritent beaucoup de vie. On y retrouve de multiples espèces d’oiseaux, de petits mammifères et une grande variété de plantes.

Le second sentier que nous avons fait se rendait au pied du canyon de Boquillas. À cet endroit, le Rio Grande se faufile entre deux parois rocheuses. Le sentier permet donc d’aller observer cet endroit spectaculaire. Nous avons effectué la randonnée en milieu d’après-midi, dans une chaleur suffocante et sans aucune ombre à l’horizon. Cependant, cela en a valu le coup, car le canyon est spectaculaire, et nous en avons eu plein les yeux.

Après cette grosse journée, nous sommes retournés à notre stationnement, et nous avons pris le temps de faire le ménage dans tout notre équipement de randonnée, puis nous avons passé une soirée très tranquille.

Santa Elena Canyon

Situé dans l’ouest du parc, le canyon de Santa Elena est un des endroits les plus impressionnants du parc en entier. Nous voulions donc nous y rendre tôt, car le stationnement est petit et un ami nous avait mentionné qu’il se remplissait parfois autour de 7h30. Nous avons donc mis notre réveil-matin à 5h30, puis nous avons atteint le canyon juste à temps pour le lever du soleil.

Comme vous pouvez le constater, la scène était spectaculaire. Nous étions les premiers sur place. Nous en avons profité pour effectuer la randonnée très lentement, prenant de multiples pauses pour admirer le paysage, écouter le sifflement du vent et identifier quelques oiseaux particuliers au passage.

Après, nous avons conduit jusqu’à un point de vue du canyon accessibles en voiture, d’où nous avons déjeuné tranquillement, en observant une dernière fois ce canyon impressionnant.

Ross Maxwell Scenic Drive

Après le canyon de Santa Elena, nous sommes retournés sur nos pas pour conduire (à la clarté cette fois-ci!) la route scénique qui traverse l’ouest du parc. Nous avons pu profiter de plusieurs beaux points de vue accessibles en voiture, et nous avons effectué deux courtes randonnées supplémentaires.Pour débuter, nous avons descendu dans le Tuff Canyon, un petit canyon étroit qui présente plusieurs formations rocheuses intéressantes. De plus, des petites fleurs mauves poussent au travers des roches jalonnant le fond du canyon. Nous avons aussi observé le reste des branches et des herbes ayant été déposées au travers des arbres, probablement lors de la dernière montée des eaux.

Ensuite, pour terminer notre journée, nous avons marché la Lower Burro Mesa Pouroff trail. Ce sentier de moins de 2 kilomètres permet d’aller observer l’endroit où se draine l’entièreté de Burro Mesa, un secteur complet du parc national. Il est difficile d’imaginer que la force de l’eau ait pu creuser la roche avec une telle force au milieu d’un désert!

Après toutes ces aventures, nous étions épuisés, et nous avons décidé de passer le restant de la journée à lire un bon livre près de notre stationnement pour la nuit, au coeur des monts Chisos. Durant cette lecture, nous avons pu apercevoir un grand géocoucou, aussi appelé roadrunner, pour les fans de dessins animés! Cet oiseau est plus efficace à la course qu’au vol, ce qui peut offrir de beaux spectacles lorsqu’il tente de parcourir un lézard pour souper ! De plus, lors des matins plus frais ou lors des journées plus fraiches, on peut l’observer dans un bain de soleil. Il lève alors ses plumes de dos pour exposer son dos et se réchauffer. Un oiseau bien fascinant et intéressant à observer !

Dernière matinée à Big Bend

Pour faire changement, notre alarme nous a réveillé à 5h30 ce matin. Avant de quitter Big Bend, nous voulions aller courir la Lost mine trail. Le point de départ pour cette randonnée se situe entre deux virages en épingles sur la route qui monte dans les Monts Chisos. Cependant, le stationnement ne possède qu’une dizaine de places. Chaque fois que nous étions passé, il était donc toujours plein. En arrivant autour de 5h40, nous étions d’ailleurs la troisième voiture à nous stationner. Nous avons donc parcourus l’aller dans ce sentier à la noirceur, et sommes arrivés au sommet juste à temps pour voir les premiers rayons de soleil éclairer le fond de la vallée.

Après cette dernière randonnée, nous étions fiers d’avoir réussi à voir et à vivre Big Bend avec autant d’intensité. Malgré la fréquentation intense du parc durant les mois d’hiver, nous étions contents d’avoir réussi à nous trouver une stratégie pour nous loger, ainsi que d’avoir réussi à éviter les foules la plupart du temps. Ce parc nous aura marqué et nous aura forcément fait grandir, autant dans notre pratique sportive que dans notre passion pour le monde sauvage qui nous entoure.

Responses to “Cap sur le désert du Chihuahua: Big Bend National Park”

  1. Carolyne et François Avatar
    Carolyne et François

    Wow Wow Wow!!! Qu’elle belle expérience vous avez vécue : la chaleur, le froid, l’altitude, la gestion de l’eau, les oiseaux (et leurs nids) bip bip, la faune locale, les cayons, les beaux levers/couchers de soleil et j’en passe… en plus, on a eu un petit bonus en voyant vos petites faces heureuses et relaxes!

    On vous aimes fort, Bonne continuité et au plaisir de vous relire 🙂

  2. Jean Caissy Avatar
    Jean Caissy

    salut!
    je prends le temps de vous lire en ce weekend ou il neige à Sherbrooke! c’est très intéressant de prendre de vos nouvelles de cette façon. Prenez votre temps et soin de vous 😉
    bonne continuité!
    Jean