Capitan Reef : 265 millions d’années plus tard

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En continuant d’explorer le Texas et son désert, l’appel des montagnes restait fort. À la blague, nous avions constaté que le dénivelé total de notre premier mois de voyage s’était multiplié par 6 lors de nos 5 jours dans Big Bend. Nous voulions donc découvrir d’autres belles montagnes dans les environs. En continuant vers le Nord, nous mettions le cap vers Guadalupe Mountains National Park, où se cache le plus haut sommet du Texas.

Pour faire une mise en contexte, il y a environ 265 millions d’années, Guadalupe peak portait un autre nom. Curieusement, il s’agissait du Capitan Reef, un récif submergé au fond de la mer du Delaware. Graduellement, le mouvement des plaques tectoniques a isolé cette mer, qui s’est lentement asséchée. Le récif s’est fait ensevelir.

Il y a 15 à 20 millions d’années, le mouvement des plaques tectoniques a créé une faille quelque part dans le récif, créant entre autres la chaîne de montagne de Guadalupe Mountains National Park. Cette chaîne de montagne s’étend sur 400 miles, et est composée de matériaux friables, ce qui en fait un milieu parfait pour la création de caverne. Dans cet article, on vous présente notre exploration de ce milieu unique, du sommet jusqu’au profondeurs.

Pour se préparer à grimper Guadalupe Peak, nous avons lu Guide to National Parks of the United States, un livre indispensable de National Geographic. Nous avons alors découvert que la montagne impressionnante que nous pouvions voir en approchant du parc, El Capitan, pouvait se grimper en bushwhacking, comme on dit en anglais. Il s’agit de sortir du sentier et de naviguer au travers des arbres, des buissons et des roches pour se rendre à un endroit qui nous intéresse. Lorsque nous décidons de couper à travers la nature sauvage, sans sentier, il est impératif de trainer une carte et une boussole ainsi que de redoubler de prudence. Ainsi, lors de notre arrivée au parc national, nous sommes allés acheter notre carte topographique de la région pour bien organiser notre journée du lendemain, où nous voulions gravir Guadalupe Peak et El Capitan.

Du fond d’un canyon …

Puisque nous étions arrivés tôt, nous avions amplement le temps de faire une randonnée pour découvrir un peu le parc. Nous avons donc pris le chemin de Devil’s Hall, un sentier de 8km à l’intérieur d’un canyon serpentant au creux des montagnes. Au fur et à mesure que nous remontons la rivière, les roches de différentes grosseurs jonchant son lit laissent place à un mur de roche. Lorsque l’eau coule, cela doit ressembler à une belle chute. Toutefois, nous savons que le sentier se poursuit sur un autre kilomètre. En l’observant attentivement avec d’autres randonneurs, nous comprenons qu’un petit chemin longe la gauche du mur. De plus, l’angle et les lignes de la roche permettent de la grimper sans trop de difficultés. Sous les yeux ébahis d’autres touristes, nous avons donc grimpé les 2-3 mètres nous permettant de poursuivre notre chemin.

Le paysage en valait amplement la peine ! Une fine crevasse séparait les deux côtés du canyon, nous obligeant de passer entre deux murs pour atteindre la fin du sentier. Pour le chemin du retour, nous avions encore beaucoup d’énergie et les murs du canyon nous protégeaient de la chaleur. Nous avons donc décidé de nous délier les jambes et de courir un peu. Le sentiment de liberté de sauter entre les roches était incroyable. Nous en avons aussi profité pour pratiquer quelques mouvements d’équilibre dynamique pour nous amuser.

De retour à la van, nous voulions nous reposer avant notre grosse journée du lendemain. Pour nous, les moments de repos sont synonymes d’une bonne lecture avec les jambes allongées. De plus, nous profitons de ces moments pour rédiger un peu sur notre blogue. Nous accompagnions cela généralement d’un bon repas, d’une séance d’étirements et d’auto massage sur nos jambes avant de nous coucher. Afin d’optimiser notre récupération entre nos grosses journées, ces moments de repos sont les bienvenus. Pour finir la soirée, nous nous sommes couchés tôt, car le réveil allait arriver rapidement !

Au sommet des Montagnes : Guadalupe Peak

Le cadran sonne à 5h30 du matin. Nous voulons être certain d’avoir un stationnement au sentier afin de ne pas ajouter de distance (2km) à une journée qui peut déjà être longue en devant nous stationner plus loin. Nous arrivons donc au trail head à 5h45, mission accomplie ! Maintenant, plus qu’à attendre le lever du soleil. Nous nous donnons un moment pour nous reposer un peu plus dans la van. À 7h, après avoir déjeuné et avoir ramassé notre matériel dans nos sacs de course en sentier, nous débutons l’ascension. Un avertissement de vent était émis ce jour-là, donc la prudence était de mise. L’ascension débute par plusieurs switchbacks (virages en épingles) faisant monter rapidement le compteur de dénivelé. En montant, le vent fait lever des nuages de poussière et nous déstabilise à l’occasion.

Plus haut sur la montagne, le sentier serpente parfois le long d’une falaise. Nous évoluons rapidement en faisant bien attention où on met les pieds. Puis, nous arrivons sur une crête que nous longeons jusqu’à une forêt de grands conifères. Il est incroyable de voir des arbres de 30m de haut à 2450m d’altitude, particulièrement en considérant qu’une bonne partie de la forêt a été incendiée en 1993. Nous avons continué notre chemin jusqu’à pouvoir observer El Capitan. En le regardant, nous doutions de l’endroit sécuritaire où nous pouvions traverser en raison de la descente abrupte qui permettait d’atteindre le bas du col entre les deux montagnes. Nous avons décidé d’attendre au retour de Guadalupe Peak avant de prendre notre décision finale d’y descendre ou non.

Vue panomarique des sommets autour de Guadalupe Peak

Nous avons donc franchi les derniers mètres pour atteindre le sommet de Guadalupe Peak. Le paysage était magnifique avec toutes les montagnes aux alentours. Cependant, le vent fort nous faisait tanguer ! Au sommet, on retrouve une pyramide affichant l’ancien médaillon de la poste américaine. À partir de 1858, un sentier, Butterfield Overland Trail, a été créé pour livrer la poste en diligence du Missouri jusqu’à San Francisco. Le trajet passait en bas des montagnes.

Prise de décision : El Capitan

Pour ne pas nous refroidir, nous avons rapidement redescendu vers le « chemin » nous permettant d’atteindre El Capitan. En analysant le trajet à parcourir, nous avons constaté qu’il fallait descendre sur une crête jusqu’à atteindre le col pour remonter sur le sommet. Nous avions évalué le tout avec nos cartes et les capacités physiques étaient là. Toutefois, le vent instable et à direction changeante ainsi que la roche friable sous nos pieds nous ont poussés à faire demi-tour. Nous avons donc décidé de descendre quelques mètres, sans toutefois nous engager dans la pente abrupte qui mène à El Capitan. Les risques étaient trop importants.

Une fois ce petit détour réalisé, nous avons commencé à redescendre vers le stationnement. Les sensations dans nos jambes étaient bonnes et nous étions heureux de cette randonnée, surtout de notre la prise de décision de rebrousser chemin sur El Capitan. La combinaison de forts vents et de sol instable rendait le risque difficile à contrôler.

Sous les montagnes : Carlsbad Cavern National Park

Maintenant, il était temps de nous diriger vers les cavernes de la région, situées sous la chaîne de montagne que nous venions de grimper : Carlsbad Cavern National Park. Un de nos amis y était passé quelques jours plus tôt et nous recommandait chaudement de réaliser une visite guidée. Lorsque nous y sommes arrivés le premier jour, nous avons constaté que c’était la semaine de relâche américaine. Il n’y avait donc plus de places disponibles… En nous renseignant, nous avons su que le matin, il pouvait en y avoir quelques unes. Ce matin même, une file faisait le tour du bâtiment à 7h30, et environ les 10 premiers en file ont pu effectuer une visite guidée. En considérant qu’il s’agit d’un milieu complètement unique, nous avons décidé que le lendemain, nous allions nous lever tôt pour nous assurer une place pour la visite guidée.

Le réveil sonne à 5h00, encore… Nous nous levons directement et partons vers le parc national. Nous devons rouler pendant 25 minutes avant d’arriver au Visitor Center. Dès notre arrivée, Angéline est sortie de la voiture pour aller se poster devant la porte d’entrée, pendant que Samuel se stationnait. La joie de découvrir que nous étions les premiers ! Nous nous sommes donc installés dans nos chaises avec des vêtements chauds pour attendre pendant 2h30 l’ouverture du centre. Drôle de scénario! La deuxième personne est arrivée 45 minutes plus tard, puis petit à petit, la file s’est remplie. Lorsque le centre a ouvert, nous avons choisi la visite guidée de King’s Palace ainsi qu’un billet pour explorer le reste de la caverne par nous-mêmes.

La descente sous terre

Avertissement: pour cette section, beaucoup de photos! C’est difficile de décrire avec des mots ce que nous voyons. Même les photos ne rendent pas hommage à la beauté de la caverne!

Pour se rendre au point de rendez-vous avec notre guide, nous pouvions descendre par l’ascenseur ou en marchant par l’entrée naturelle. Nous avions amplement le temps d’explorer la descente avant le début de notre visite. En prenant l’entrée naturelle, nous avons pu observer des dizaines d’hirondelles à front brun, probablement réveillées par les premiers touristes. Puis, nous nous sommes enfoncés dans les profondeurs. Nous n’aurions pas eu besoin de lampe frontale puisque la caverne est partiellement éclairée. Toutefois, elles nous permettaient d’observer davantage les structures, les plafonds et les couloirs sombres. Actuellement, dans la caverne, il n’y a pas de chauve-souris (Mexican free-tailed bat) puisqu’elles migrent pour l’hiver au Mexique. De la fin mai au mois d’octobre, leur sortie en soirée pour s’alimenter est un phénomène incroyable à observer. On peut y voir un nuage de chauve-souris ! La colonie de la grotte est estimée à 500 000 individus, qui sortent en même temps à la tombée du jour.

La descente a duré 1h30. Nous avons pu observer de grandes salles et des structure impressionnantes. L’ordre de grandeur n’est pas comparable à la caverne que nous avions visitée en Floride ! De plus, puisqu’il s’agit d’une caverne du désert, elle est beaucoup plus sèche et de couleurs différentes. La formation de cette caverne est très différente des cavernes que l’on retrouve ailleurs. Expliqué très simplement, il s’agit d’une réaction chimique entre du pétrole et des micro-organismes présents dans l’eau. Cette réaction produit du sulfure, qui est par la suite transformé en acide sulfurique par des bactéries dans l’air. C’est cet acide qui a creusé le calcaire pour créer l’ensemble des salles observées.

Visite guidée de King’s Palace

Une fois arrivés en bas, nous avons rejoint notre guide, un géologue et spéléologue d’expérience. Il était très intéressant de voir la caverne par ses yeux. Un passionné lors de ses explications de la création de la caverne ou en retraçant les premiers pas de Jim White, le jeune de 16 ans qui a découvert la caverne. Il s’agissait d’un cowboy qui croyait avoir vu de la fumée au loin. Après s’être approché, il a réalisé que c’était l’envol des chauve-souris. À la suite de cette découverte, il a trouvé l’entrée de la caverne et s’est mis à l’explorer. Son matériel était composé d’une simple lampe à l’huile et d’échelles construites en broche à clôtures et en branches de chêne.

La visite guidée de King’s Palace traverse 4 salles remplies de structures impressionnantes. Autrefois ouverte à tous, ces salles ont été vandalisées et abîmées involontairement. C’est pour cette raison qu’il faut maintenant un guide pour s’y rendre. Parmi les structures présentes, on a pu observer des draperies, des colonnes, des stalactites et stalagmites de toutes les couleurs et de toutes les formes. Pendant presque 2h, nous avons suivi notre guide pour explorer ce milieu impressionnant.

Visite de Big Room

Une fois la visite guidée terminée, nous sommes partis à la découverte de Big Room. Il s’agit d’une salle immense dans laquelle 6 terrains de football américain pourraient entrer. Elle est vraiment impressionnante par sa démesure. On se sentait très petit à marcher la boucle de 2km qui sillonne la salle. D’énormes colonnes et stalagmites s’imposent dans la caverne. Avec notre imagination, nous pouvons tenter de leur donner des formes d’animaux ou d’objets ! Dans un coin, la caverne s’ouvre sur la Lower Cave, une distance de 28m nous sépare du fond du trou qui s’ouvre sous nos pieds. Il y a aussi un endroit où au plancher se trouve le bottomless pit et en-haut, liberty dome. La hauteur totale de la salle dans de ce secteur est de 113m !

Près de ce dome, on retrouve un trou au plafond qui est la départ d’une autre salle. Une corde y monte, et il s’agit d’un secteur qui n’a pas encore été exploré entièrement. La corde a été installée à l’aide de ballons d’hélium, et des explorateurs découvrent encore des nouvelles salles à cet endroit. La dernière découverte remonte à 2014.

Après avoir visité Big Room, 2h plus tard, nous avons pris l’ascenseur pour remonter les quelques 750 pieds qui nous séparaient de la surface. Presque 6h après le début de notre descente, nous étions heureux de retrouver la lumière du jour. À notre surprise, dehors, il faisait très froid et il mouillait! Après cette visite grandiose, incomparable à tout ce que nous avions pu explorer jusqu’à présent, nous avions des étoiles dans les yeux, prêts à mettre le cap vers nos prochaines aventures.

Responses to “Capitan Reef : 265 millions d’années plus tard”

  1. Dany Avatar
    Dany

    Wow, merci à vous deux de nous faire vivre vos aventures de si belle façon. Je vous lis avec attention chaque fois. Bravo!

  2. Francois Cloutier Avatar
    Francois Cloutier

    C’est époustouflant, continuer a nous informer et nous faire rever, bravo !

  3. Nicole Desjardins Avatar
    Nicole Desjardins

    Très intéressant, j’en ai oublié mon café, hâte au prochain blog,bonne continuité, je vous admire. Je vous adore, gros câlins.

  4. Francine Avatar
    Francine

    Magnifique et magique
    Profitez en et soyez prudents
    😘😘😘

  5. Monique Millette Avatar
    Monique Millette

    Que de belles aventures pour vous . Quelle belle culture que ce voyage vous amène . Profitez-en et ce fut un plaisir pour moi de vous lire . Vous avez de quoi être fiers . Soyez prudent
    Monique

  6. Carolyne Plouffe Avatar
    Carolyne Plouffe

    Encore bravo pour ce superbe récit! J’ai été triste de lire que vous n’aviez pas pu atteindre El Capitain mais très heureuse de voir que la sécurité passe avant tout! Félicitations 🥰