The Narrows : Top to bottom

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Il y a 5 ans maintenant, j’ai visité Zion National Park pour la première fois. Lors de mon premier passage, j’ai réalisé deux des trois randonnées les plus difficiles du parc : The Subway et Angel’s Landing. Cependant, beaucoup considèrent The Narrows comme la randonnée la plus exigeante et la plus unique du parc. À l’époque, je ne me sentais pas assez expérimenté pour tenter de traverser ce canyon. Cependant, cette fois-ci, je voulais absolument terminer le trio des randonnées uniques de Zion. Je vous invite donc avec moi pour toute la procédure menant à une telle expédition, de la préparation à la réalisation de la traversée de The Narrows.

Planification de l’expédtion

Gestion des risques

Avant de m’engager dans ce canyon, je voulais être certain d’être en pleine connaissance des risques qu’une telle expédition implique. Connaître les risques permet de trouver des façons de les contrôler ou de les réduire et aussi de prendre des décisions éclairées une fois en action. La partie la plus critique pour The Narrows est qu’une fois engagé dans le canyon, on ne peut pas faire demi-tour. En effet, comme on descend le courant et que la majorité de la randonnée se fait dans la rivière, il est impossible de rebrousser chemin. Également, cela peut prendre plusieurs jours avoir des secours en cas de pépin pour la même raison.

En ayant cela en tête, il faut que toutes les conditions soient favorables avant de s’engager. Pour cette raison, Angéline a décidé de ne pas effectuer la randonnée. Pour elle, l’eau est un défi et The Narrows n’est pas l’endroit pour prendre une chance. Il y a plusieurs secteurs de nage, le courant peut être fort et il y a aussi des risques de flash flood, comme dans tous les canyons étroits. Pour gérer les risques liés à l’eau, j’ai décidé de prendre un sac léger et d’utiliser un sac étanche à l’intérieur. Cela me permet d’être plus agile et plus rapide qu’avec un sac lourd. En cas de chute et pour les portions de nage, le sac étanche protège mon matériel électronique et me permet d’avoir une flottaison supérieure.

Pour ce qui est des flash floods, il est impossible de réduire ce risque à zéro. Cependant, le parc national de Zion surveille les précipitations de la région entière et émet des bulletins météos pour les crues subites. La règle d’or est alors de s’engager dans le canyon si, et seulement si, les risques de flash floods sont pratiquement nuls. Une autre façon de réduire l’exposition est de bouger rapidement et d’être en excellente condition physique. Le moins de temps je passe dans le canyon, le moins je m’expose à ce risque !

Comme le canyon est très isolé et que les sauvetages sont longs et exigeants, j’ai également décidé d’adapter mon matériel d’urgence en cas de problème. Comme l’eau est froide et qu’il y a très peu de soleil au fond du canyon, j’ai apporté une couverture de survie ainsi qu’une veste supplémentaire. J’ai également apporté beaucoup de nourriture, car consommer assez de calories est l’une des meilleures méthodes pour aider le corps à combattre le froid.

Obtention du permis et ajustements finaux

Pour obtenir le permis, il faut tout d’abord passer par le système de lotteries du parc national de Zion. Le nombre d’entrées dans The Narrows est limité pour conserver une expérience authentique. La loterie n’était pas trop problématique, car un nombre d’entrées déterminé est séparé entre les randonneurs qui traversent le canyon en une journée et ceux qui le traversent en deux jours. Il est très difficile d’obtenir un permis pour deux jours, mais les permis pour une journée sont moins en demande en raison de l’ampleur du défi. J’ai donc réussi à avoir un permis dès notre première tentative !

Ensuite, il fallait aller récupérer le permis en personne, pour discuter avec un ranger du parc. Rapidement, elle m’a expliqué ce que la randonnée implique et les recommandations du parc. Comme ma préparation était adéquate, tout s’est bien déroulé. Durant notre discussion, la ranger m’a mentionné que les blessures les plus fréquentes menant à des opérations de sauvetage incluaient des blessures aux chevilles ou aux genoux en raison du fond instable de la rivière. J’ai donc ajouté à mon équipement d’urgence une attèle et j’ai décidé d’utiliser un bâton de yucca, plus rigide et solide que les bâtons de randonnée en aluminium.

En route vers le canyon !

Une fois la préparation terminée et le permis obtenu, nous avons pris la route vers le départ de la randonnée, le haut du canyon de Zion. Nous avons dormi à l’extérieur du parc, à quelques kilomètres du trailhead. J’ai profité de la soirée pour préparer à l’avance mon sac avec tout le matériel nécessaire.

Le lendemain matin, le cadran a sonné à 3h30. À l’extérieur, le ciel était incroyable. Loin de la pollution lumineuse des grandes villes, la voie lactée était facilement visible. Rapidement, j’ai déjeuné et nous avons pris la route vers le départ du sentier. Plus nous avancions, plus le chemin devenait étroit et difficile à rouler. À environ un demi kilomètre du sentier, une grande pente en sable mou avec des grosses roches nous a arrêté. Nous avons décidé de reculer une portion du chemin jusqu’où nous pouvions nous retourner. Je suis parti de ce point, de peur que la van ne puisse pas remonter la pente difficile où nous avions fait demi tour. Angéline m’a déposé et est repartie vers le parc où elle me retrouvera à l’autre bout du canyon.

Sous les étoiles, j’ai entrepris l’approche d’environ 8km menant à l’endroit où le canyon s’encaisse tellement qu’on ne peut plus éviter la rivière. Environ 300m après le départ du sentier, il y avait un petit ruisseau impossible à traverser sans se mouiller. C’est donc les pieds complètement trempés que j’ai fait l’entièreté du canyon. On ne s’en sauve pas ! Comme la première portion était facile, j’ai utilisé la lumière rouge de ma frontale. Durant des années, je me suis demandé à quoi cette fonction servait. Bien qu’il soit plus difficile de voir les petits détails du sol avec une lumière rouge, elle n’altère pas notre vision nocturne. Ainsi, sur un sentier facile, je pouvais progresser rapidement tout en observant les étoiles et les clairières environnantes, sans que la lumière blanche de ma lampe ne m’aveugle !

Sur ces premiers kilomètres, j’ai dû traverser plusieurs fois la rivière. Chaque fois, j’étais surpris de la température froide de l’eau. Puis, vers la fin de ce secteur, même avant le lever du soleil, la clarté a commencé à augmenter, me permettant de mieux admirer la beauté de la rivière. À ce point, j’ai pris plusieurs photos à longue exposition avec mon cellulaire.

Les premiers Narrows

Peu après l’arrivée de la lumière du jour, j’ai encontré les premiers ”Narrows”, c’est-à-dire les premiers endroits où la rivière s’encaisse entre deux parois verticales. L’entrée était spectaculaire. À partir de la rivière, je ne parvenais qu’à voir une mince ligne de ciel au dessus de ma tête. Très peu de lumière se rendait au fond, rendant parfois les photos difficiles à prendre ! À partir d’ici, je devais réaliser la quasi totalité des 15km restants dans la rivière avec l’eau pouvant atteindre parfois ma taille. Avec le courant, c’était très difficile de progresser. Je devais faire preuve de beaucoup de prudence et bien choisir les endroits où je mettais les pieds, pour éviter les courants trop rapides ou les régions trop profondes.

Cependant, à chaque détour, le paysage me coupait le souffle. Les murs encadrant The Narrows peuvent mesurer jusqu’à 500m de hauteur. Dans ce canyon, tout semble gigantesque. Sur les murs oranges, gris ou noirs du canyon, des jardins suspendus ajoutent une touche de verdure. À partir du fond, tout ce qu’on peut entendre, c’est le son de l’eau et des rapides, amplifié par la forme du canyon. Depuis le départ, je n’ai pas encore croisé un autre randonneur !

Peu de temps avant la première grosse jonction du canyon, j’ai croisé une chute impassable. Heureusement, une grosse craque dans une des parois permet de contourner la chute assez facilement.

Deep Creek et Big Springs

Après les premiers secteurs étroits, je suis arrivé à une jonction importante du canyon. Ici, Deep Creek rejoint le bras nord de la Virgin River, celle qui creuse le canyon. À ce point, j’avais 12km dans les jambes et l’eau froide de la Virgin River commençait à rendre mes pieds engourdis. Heureusement pour moi, j’ai rapidement réalisé que l’eau de Deep Creek qui s’ajoutait à la jonction était plus chaude, rendant la randonnée plus agréable. Cependant, cela augmentait de façon non négligeable le débit d’eau. Les traversées étaient encore plus difficiles et j’ai rapidement rejoint des secteurs où l’eau m’arrivait aux épaules. J’ai peu de photos de ces traversées puisque tout mon matériel électronique était rangé dans mon sac étanche. J’ai toutefois eu beaucoup de plaisir à relever les défis de ce secteur du canyon !

Un peu plus tard, j’ai rejoint un des points les plus uniques du sentier. Après un détour du canyon, j’ai eu droit aux premiers rayons de soleil de la journée, donnant une atmosphère magique à la rivière. Avec le soleil, j’ai également pu me réchauffer un peu avant Big Springs. Il s’agit d’une grosse source d’eau qui sort directement de la paroi du canyon, dans une grosse pile de mousse et de fougères. Il s’agit du seul endroit dans The Narrows où il est possible de traiter l’eau pour la consommer. En effet, des bactéries présentes dans l’eau de la Virgin River la rendent non potable et ce, même après une filtration et un traitement avec des pastilles pour la randonnée. J’ai donc rempli mes réserves d’eau dans la source et j’ai pris plusieurs photos. Il s’agit d’un endroit magnifique !

De Big Springs jusqu’à Orderville Canyon

Peu de temps après, je me suis engagé dans la dernière longue portion. Il s’agit du secteur le plus étroit du canyon. Dans cette section, il n’y a plus aucune façon de sortir de la rivière en raison de la proximité des murs. J’ai également commencé à croiser des randonneurs qui remontaient la rivière à partir du canyon principal de Zion. Le courant était toujours de plus en plus fort et j’ai effectué plusieurs autres traversées profondes. Dans le courant, j’ai brisé mon bâton de marche entre deux roches au fond de la rivière ! Cela m’a beaucoup ralenti pour la suite, mais au moins une des moitiés était suffisamment longue pour m’aider à garder mon équilibre.

Juste avant de rejoindre Orderville Canyon, une autre grosse jonction, j’ai retrouvé Angéline. Elle est partie du bas du canyon pour me rejoindre, puis elle s’est arrêtée pour m’attendre juste avant un bassin très profond. Il s’agit d’ailleurs du seul endroit où j’ai chuté ! Juste avant de rejoindre le bassin, la rivière devenait plus étroite et le courant se concentrait à un endroit où il fallait absolument traverser. Durant ma traversée, la capuche de mon coupe-vent s’est détachée de mon sac et le courant s’en est emparé. En tentant d’attraper mon coupe-vent était emporté par le courant, j’ai perdu pied et j’ai dû nager pour terminer la traversée.

Dans le même bassin, juste un peu plus bas, il y avait un autre secteur difficile. Des randonneurs ayant passé la nuit dans le canyon traversaient, leur sac porté à bout de bras, dans l’eau jusqu’au menton. L’un d’eux est tombé et a fini par se laisser flotter sur toute la longueur du bassin en se tenant à son sac ! Pour ma part, j’ai eu de l’eau jusqu’au cou, mais n’ayant pas de gros sac, j’ai eu plus de facilité à traverser pour rejoindre Angéline. Ensemble, nous avons rejoint Orderville Canyon, puis nous nous sommes attaqués à la dernière portion du sentier.

Derniers efforts pour atteindre le Temple of Sinawava

La veille, à la blague, la ranger du parc m’avait dit : « Après la jonction avec le canyon d’Orderville, tu vas pouvoir randonner avec des milliers d’amis ». Ironiquement, cette description humouristique était très près de la réalité ! Dans le dernier secteur, la rivière s’élargit et devient plus facilement praticable. Nous avons terminé la randonnée en nous faufilant entre les centaines de randonneurs venus explorer la portion facile du canyon. Les paysages restaient impressionnants et nous en avons profité, mais disons que l’expérience n’était plus la même !

Lorsque nous sommes arrivés au point de sortie de la rivière, il nous a fallu suivre un sentier pavé étroit sur environ 2km. Nous avons donc randonné en file au travers des autres visiteurs tellement ce secteur du parc est populaire. C’est avec soulagement que nous avons atteint le Temple of Sinwava, l’endroit où la randonnée se termine. Nous avons finalement attrappé une navette bondée pour retourner au stationnement, où j’ai enfin pu m’écraser sur un banc, fier de ma réussite. Comme dans bien des grands parcs, plus on s’éloigne des stationnements, plus on arrive à profiter des milieux naturels dans la tranquillité. La sortie mouvementée était donc le prix à payer pour pouvoir expérimenter ce canyon unique !

Un repos bien mérité

Après cette aventure, nous comptons prendre le temps de nous reposer un peu. Nous nous dirigeons donc vers les hauteurs des montagnes de la Sierra Nevada, en Californie. Nous espérons que nous pourrons échapper à la vague de chaleur historique qui frappe actuellement le sud-ouest des États-Unis !

Responses to “The Narrows : Top to bottom”

  1. Aline Millette Avatar
    Aline Millette

    Photos magnifiques ,continuez à être prudents bisous

  2. Francois Avatar
    Francois

    Super rendo remplie de défis à ta mesure. Tu m’a fait rêver ce matin. Bravo!

  3. Carolyne Avatar
    Carolyne

    Wow! T’as toute mon admiration pour avoir, premièrement bien planifié cette expédition, et deuxièmement de l’avoir terminé avec succès sans problème majeur! Lorsqu’on lit ce récit, on sent bien que, malgré l’exigence du sentier, tu as trippé solide comme on dit! Félicitations! En passant, les photos sont également encore magnifiques!

  4. Dany Cloutier Avatar
    Dany Cloutier

    Wow, super randonnée, ça! Les photos sont magnifiques et le récit, captivant. Un peu inquiétant, même! Bravo pour ce défi plus que réussi!

  5. Francine Avatar
    Francine

    Bravo Sam et Angéline
    Quel défi!!!
    Je vous trouve tellement courageux
    😘😘